LA FILLE QUI AIMAIT LES SUPER-HÉROS

Ça a commencé de manière très basique. Le mercredi, mon papa m’achetait le Journal de Mickey. Ma maman, elle, me filait des fonds pour acheter de la bibliothèque verte ou rose. Quand on prenait le train, j’avais droit à du lourd : le gros machin avec des jeux dedans ou Pif Gadget.

Mais un jour, tout ça a disparu des écrans radar. À l’occasion d’une visite au marché, j’ai traîné mes pieds du côté du bouquiniste. Mon père y zyeutait les polars et moi, je tournais et virais, désœuvrée. Je voyais bien sur son stand mes magazines habituels mais ça finissait par être toujours un peu la même chose. Et tout à coup, voilà t’y pas que j’avisai un bac avec des bouquins (terme générique pour tout ce qui se lit par chez moi) arborant des couvertures bien colorées et des personnages humains et batailleurs. Tiens ! Voyons ça de près. Mais je les reconnais. Je les ai vus dans la chambre des cousins. Mmmm, j’ai voulu un Action Joe à Noël et j’ai eu un Ken, on va encore dire que c’est un truc de garçon donc pas pour moi… je m’en vais le mettre au milieu des autres bouquins tiens …..
Et me voilà à la maison avec un machin qui s’intitule TitanS (avec un grand S, oui madame ! Comment ça c’est dans ma tête et le S est normal ?)
Y’a une main géante qui tient 3 héros dont une fille (bon là c’est sûr, je suis ferrée !)


Je le lis une fois. Je le relis et le re-relis et pfffffffffff je l’apprends presque par cœur.
J’attends le dimanche suivant et je prends presque tout le bac du monsieur du marché avant que mon père ne me fasse signe que Rika Zaraï chantera des cantates avant que je puisse me payer tout ça et que donc, vu qu’il me finance, je vais devoir revoir mes prétentions.
Puisque c’est ça, je vais en prendre moins et je vais diversifier…y’a un truc qui s’appelle Strange et qui a l’air pas mal. Je négocie donc 2 de chaque.


Dans les mois qui ont suivi, je n’ai pas mis la main une seule fois sur les bibliothèques vertes ou roses, les Rahan, les Pif, les Mickey….il n’y en avait que pour mes héroïnes : Dazzler, Phoenix, Storm…. Ca y était : Wonder Woman et Super Jaimie avaient trouvé leurs descendantes !

Moralité, si vous avez des rejetons, ne les emmenez pas au marché. Ca risque de leur pervertir l’esprit jusqu’à la fin de leurs jours. Parce que oui, figurez-vous, je continue à lire ces bouquins démoniaques et même que j’en achète dès que j’en vois chez un bouquiniste ! Le bouquiniste du marché a pris sa retraite depuis bien longtemps, je ne trouve plus les sucettes parapluie au chocolat du stand à côté du sien, non plus que le monsieur qui vendait des disques et à qui j’ai acheté mon premier 33T, l’année 1982 est bien loin mais j’y retourne en pensées dès que je vois une couverture TitanS.

1 commentaire:

  1. Très bel article. Je me souviens également de ces bouquinistes qui étaient mes principaux pourvoyeurs .Certains étaient de simples marchands mais d'autres étaient d’authentiques passionnés. Je me souviens d'un dans le sud ouest chez qui j'avais pu voir les 4 premiers numéros de Strange( déjà hors de prix a l'époque)et qui écrivait dans le courrier des lecteurs de Strange.

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