LE CAMPING DES ANNEES 1981-86

Le mec qui passe et qui vend de la glace en pains pour mettre dans la glacière vu qu’on n’a pas de frigo ;

Le mec qui passe et qui vend des fruits et légumes frais cultivés dans le coin ;

La nana qui passe et qui vend des bijoux fantaisie et qu’on en vient à haïr parce qu’elle a plus de bijoux en vente qu’on a d’argent de poche à dépenser ;

La place du marché avec ses stands de robes Comanchero qui pendent sur des cintres accrochés au rebord du parasol ;


Le Tropicana qui tourne dans des turbineuses à glace installées sur la terrasse des bistrots ;

Les Indiens et les Cow-boys (Orangina plus sirop de fraise ou sirop de menthe) ;

Les glaces à la vanille dans les têtes de Schtroumpfs en plastique bleu ;

Les portions de frite trop salées qu’on ramène à la caravane…à l’arrivée il reste 3 frites et on a plus qu’à repartir sous les engueulades parentales ;

Les tongs contre les sandales de piscine bleues et blanches ;

Les méduses si on est vraiment très vicieux ;

Le poste à K7 dans la caravane et la télé portative avec l’antenne en V orientable pour regarder le Tour de France ;

Le vin rosé que le paternel va chercher en cubi chez le producteur vu que c’est moins cher ;

Les saladiers de taboulé qu’on fait par 12 kilos tous les trois jours et leur vinaigrette à part dans le shaker Tupperware ;

La rangée de bateaux gonflables classés par ordre de grandeur en devanture de la boutique d’articles de plage : on bave devant mais « non c’est trop cher » ;

Les sacs en résille « palmes, tuba et masque » avec un rebord fluo mais « t’en as déjà un de masque » ;

On se couche très tard dans la tente deux places et on se fourre dans le duvet en se disant que le lendemain on fera la grasse matinée ;

Le lendemain à partir de 8h30 il fait tellement chaud qu’on sort en courant de cette foutue tente, ruisselant de sueur et bouffé par les fourmis ;

Les lézards sur tous les murets et le chien qui court après ;

Le chien qui se retrouve avec la queue du lézard dans la gueule et le lézard qui se barre ;

Les attaques de moustique en piqué le soir malgré la lampe bleue qui grésille dès qu’un insecte se crame ;

La longue procession de pères de famille qui se rendent, aux mêmes heures, aux toilettes avec le rouleau de PQ à la main – les femmes elles le planquent dans leur vanity ;

Le Tahiti Douche senteur exotique qu’on sniffe et qu’on renverse par litres sur soi dans la douche ;

L’eau chaude qui se raréfie puis s’arrête pour ceux qui ont trop traîné à aller se doucher – se retrouver tartiné de Tahiti et ne pas pouvoir se rincer parce qu’avec l’eau froide, tu peux te brosser Ginette ;

Les hommes qui mettent 10 mns à prendre une douche, se coiffer, se rhabiller et sortir des sanitaires ;

Les femmes qui attendent 25 minutes pour avoir une cabine, se douchent en 40 minutes, se font un brushing, se maquillent, se rhabillent : tout ça dans la douche au lieu de sortir pour aller devant les miroirs du fond ;

Les mères qui viennent avec le gamin de 3 ans et la poulette de 6 ans et qu’on entend piquer une crise dans la douche parce qu’il faut persuader le trumeau que « nan le shampoing ça pique pas les yeux vu que c’est du shampoing aux œufs » et interdire à la trumette de se raser les jambes comme maman et encore moins le reste ;

Les gamins qui entrent dans la douche avec maman et annoncent qu’ils doivent aller aux toilettes là maintenant tout de suite et tant pis si on fait la queue depuis 30 minutes et qu’on va perdre son tour ;

Les soirées dansantes tous les mardis de 20 heures à minuit, quand on commence à se préparer à 16h30 et qu’on se dit que le fard à paupières mauve et le mascara turquoise ça va donner sous les sunlights des tropiques (comprendre sous les spots rouges, bleus et jaunes accrochés à la devanture de la baraque à frites) ;

Les soirées dansantes quand on a envoyé la bonne copine dire au garçon qu’on a repéré que si vraiment il insiste on pourra envisager l’hypothèse de danser avec lui ;

La bonne copine qui revient en disant « j’y ai dit mais il a dit nan » ;

Faire bonne figure devant la copine et dire qu’en fait, c’est un nul et que c’était pour rire - Se dire que « les mecs, c’est tous des nuls d’façon » ;

Aller prendre l’air en prenant des grands airs quand retentit Hotel California pour ne pas faire tapisserie ;

Dire aux copines qu’embrasser avec la langue c’est fait depuis longtemps ;

Lire les magazines de mode et annoncer à sa mère que nous aussi on veut un une-pièce Stéphanie de Monaco échancré jusqu’à l’aisselle mais surtout lui parler du maillot en question quand le paternel n’est pas là ;


Se rouler par terre pour avoir un bandeau natté trois couleurs à se mettre sur le front à cause d’Olivia Newton-John et son Physical même si Pia Zadora mettait un bandana roulé mais c’est moins cool ;

Mettre de fausses ray-ban en plastique avec la monture mauve ;


Aller à la plage en grappes de copines et copains et revenir le soir avec un coup de soleil mémorable qui part des genoux et remonte jusque sur les épaules – pile et face ;

Peler du nez et du décolleté et laisser les copines tirer sur les morceaux de peau morte parce que c’est trop beurk de garder ça… et se dire qu’on vit le plus chouette été de sa vie.

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