LE TRAUMATISME DE LA CAGOULE

Le premier objet de ma haine fut sans conteste la cagoule. En laine. Bleu marine. Cet obscur objet du déplaisir qu’on a enfilé sur la tête des gamins pendant des années (et il me semble d’ailleurs qu’on continue !). C’est comme pour le bizutage, on en a souffert et il ferait beau voir qu’on n’inflige pas ça aux générations suivantes.
Dieu qu’on était laid avec ce machin qui grattait affreusement et qui faisait une tête de hamster sous cortisone. Ça tenait chaud et en quelques minutes, c’était l’étuve là-dessous. Du coup, quand on l’enlevait, les cheveux étaient poissés de transpiration et plaqués sur le crane. Ce qui annulait quelque peu l’effet protecteur de cet infâme ustensile. On se protège du froid quand on la porte mais dès qu’on l’enlève, on attrape une pneumonie !


Ma mère en faisait une affaire de santé publique et moi une affaire de réputation publique. Être vue avec ça à 5 ans reste déjà une épine plantée dans le fondement mais, en prenant de l’âge, au retour des froidures d’hiver, on se prend à espérer que, enfin, on est assez grande pour y couper. C’est sans compter la vigilance maternelle qui sait que les trucs moches sont les plus chauds : les moon boots, la cagoule, les gants en laine, le blouson aviateur en faux cuir gris avec le col mouton, le blouson de ski aux couleurs criardes, le k-way, l’écharpe tricotée par la grand-mère, le pull sans manche jacquard col en V, le sous-pull en acrylique, le pantalon en velours côtelé châtaigne….oui je sais, j’en oublie mais vous les verrez fleurir sur ce site quoi qu’il arrive…



À 8 ans, on commence à soupirer… mais la ligne jaune c’est l’entrée en 6ème. Là, ça rigole plus ! Au premier matin de novembre, je revois encore ma mère fouiller dans le bas de l’armoire pour sortir le sac des trucs moches et là j’ai fait une crise d’épilepsie pire que quand on a voulu me faire une mise en plis pour le mariage d’une cousine de province ! J’ai dit que, moi vivante, personne ne me poserait ce truc sur la tronche pour aller en cours. Que j’allais l’enlever dès la descente de voiture et la piétiner et faire pipi dessus et la brûler et couler les cendres dans le goudron et …..là ma mère a soupiré que « j’étais pas raisonnable et que tant pis pour moi si je m’enrhumais mais que j’avais pas intérêt à venir pleurer si j’avais mal à la gorge » !


J’ai eu la peau de la cagoule et quand la chapka mauve est arrivée dans les 90s, j’ai prévenu ma mère que si elle zyeutait, ne serait-ce que d’un œil, ce truc, aux premières gelées, je mettais au bûcher ses disques de Julio Iglesias.

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