QUAND ON EST UNE FILLE ….


….on sait qu’un jour on sera une femme

Il y a l’avant et il y a l’après. Avant, on n’a aucune idée de ce dont on parle. Ca dépend aussi à quel âge la « surprise » t’arrive en direct live.
Si c’est sur le tard (entendre après 14 ans), on se dit qu’il faut que ça arrive sinon y’a un truc qui cloche (possibilités : je suis un homme et on me l’a caché, je ne suis pas comme les autres filles et je ne pourrai jamais avoir de gremlins, j’ai été opérée en cachette par des aliens quand j’avais 5 ans et on m’a enlevé les ovaires et l’utérus pour créer une nouvelle race mutante).
Si c’est avant, on est ravie de se dire qu’on va maraver la face des copines et tout à coup on a l’impression d’avoir ……pfiou 15 ans !


Parce qu’il faut te dire un truc, dans ces riantes années 80, on avait encore une crainte monstrueuse….un nuage noir qui planait au-dessus des têtes des filles (et pas des mecs qui ne cherchaient qu’à jouer à cache-saucisse et peu importe les conséquences) : la grossesse !
Ce truc venait avec les règles et repartait…..on n’en savait rien finalement. Et il fallait que nous, les filles, on fasse tout pour s’en protéger ! A partir du moment où la « surprise » avait débarqué. C’était un truc super vicieux, la grossesse …. Ça vous tombait dessus comme un rien : en embrassant un garçon, en le regardant même s’il était vraiment très beau…. En revanche, vu par un mec, ça prenait une tournure vachement plus rassurante : jamais la première fois (protection de l’hymen contre la montée du sperme et ouais madame !), suffit de pratiquer la méthode du retrait (comme chacun sait un mec qui débute a la pleine gestion de ses débordements et du quand ça va déborder !), ça dépend de la position (autrement dit, laisse-moi te faire tout ce que je veux et en voiture Simone), en voiture tiens justement (on disait, enfin le « on » masculin disait, qu’en voiture on ne pouvait pas tomber enceinte)…C’est dingue l’imaginaire foisonnant d’un quasi puceau de 14 ans !


On comptait sur les copines pour avoir des infos de première main. C’est dire la fiabilité des informations qu’on pouvait recueillir… Mais tout ça, on ne s’en inquiétait que quand « elles avaient débarqué ».
Bon, pour se préparer, on avait la conversation avec maman (tu n’auras pas peur ma chérie tout ça c’est la nature), avec la frangine (putain tu verras c’est trop dégueu), avec la copine (tu les as toi ?), avec le grand frère de la copine (hin hin hin, tu les as déjà eues toi hin hin hin ?), avec la grand-mère (de mon temps on devait mettre des épaisseurs de coton tenues par une couche lavable qu’on attachait avec une épingle à nourrice), avec papa (………..rien……….), avec le docteur (son poids et sa taille sont cohérents avec l’arrivée prochaine de ses menstrues), avec la voisine (la mienne elle les a déjà !), avec la copine de la grand-mère rencontrée au supermarché Mammouth (dites donc elle a les seins qui poussent ! ça va pas tarder !).
La cata quoi !


Et, enfin, un jour, le grand jour ! On va aux toilettes (on disait « aux cabinets » quand on était polie en 1982) et on se dit que, merde, on a dû s’asseoir sur le pot de gelée de groseille….et on appelle à grands cris la génitrice pour qu’elle vienne constater cette bizarrerie de Dame Nature.
Et là….cette scène mythique et gravée à jamais dans l’imaginaire féminin : cet air plein de componction de Maman qui a l’air de prendre 20 ans d’un coup sur la caboche et marmonne que « bon bah ça y est, elles sont là, ça aurait pu attendre mais elles sont là »… et alors qu’on n’a pas eu le temps de poser la première question, elle fait demi-tour et détale tel un lapin ayant ouïe dire qu’on faisait une remise sur les carottes dans la pièce d’à côté pour revenir en 2 secondes 20 chrono avec la SERVIETTE !


Ce truc qui a l’air énorme, confortable comme une truelle, qui tient par un fond autocollant qui se colle n’importe comment quand on le met la première fois et qu’on espère monté comme un post it vu le nombre de fois où on va devoir le repositionner. Les premiers pas avec cette démarche de Lucky Luke sous amphet’ quand on écarte tellement les jambes que la personne qui marche derrière toi cherche partout où tu as bien pu garer ton canasson. Et je peux te dire une chose, lectrice de moins de 40 ans, tu ne réalises pas ce que ça pouvait être la SERVIETTE en ce temps-là ! Toi, tu crois que ça a toujours été ce machin ultra plat et mega absorbant qu’on peut planquer dans un dé à coudre ! Que nenni ! Le modèle d’époque était large comme un porte-avions, épais comme un téléphone satellite de 1984, sans ailettes pour prévoir les fuites sur les côtés, d’une longueur qui couvrait quasi du nombril au coccyx, parfois recouvert d’une immonde résille cotonneuse qui filait des allergies de folie et qu’on avait juste envie d’arracher en pleine rue en hurlant de bonheur et, cherry on the cake, ce machin au fil des pérégrinations de sa porteuse se décollait et commençait, tel un porte-avions de Gaulle sans moteur, à se déporter vers une destination « to boldly go where no woman has gone before » (bon si tu n’es pas fan de Star Trek, tu es indigne de continuer cette lecture mais je vais dans mon incommensurable sagesse te pardonner cette faute de goût pour peu que tu ne sois pas, en plus, fan de Star Wars). Tu avais, disais-je donc, le choix : soit, ça filait vers l’arrière, soit ça remontait en avant, soit ça se pliait sur un côté mais quoi qu’il en soit, tu en foutais partout ! Sauf sur la SERVIETTE.


Il te fallait donc envisager un plan B …..qui demandait moult réflexions : le TAMPON. Parce qu’il en existait des légendes urbaines sur ce truc ! On disait qu’il déflorait l’innocente porteuse du phallique engin, qu’il pouvait être aspiré, que si on faisait de l’équitation, il pouvait donner des sensations, que ça retenait les humeurs à l’intérieur et qu’on risquait de pourrir par en dedans, que si on ne faisait pas gaffe on l’oubliait et qu’on courait le risque d’en mettre un deuxième à la suite (ne ricane pas, j’en connais qui ont dû aller voir le Docteur G pour se faire enlever le dispositif qui était parti visiter les Grandes Jorasses).
Quand enfin on avait passé le stade de la phobie liée aux innombrables anecdotes des copines, on achetait sa première boite et on faisait une erreur de débutante : on lisait la notice de montage d’installation d’usage. Et là, on apprenait, bouche bée, qu’on pouvait en mourir si on faisait partie des 0,0000001% de personnes allergiques à l’insertion d’un TAMPON ! Direct ! Et après on regardait les petits dessins qui expliquaient comme s’enfiler ce machin et on faisait un malaise même sans allergie létale. On avait donc, lectrice ébahie, sous les yeux, un petit dessin qui te montrait que pour le mettre, il fallait poser un pied sur la cuvette des ch…toilettes, et tel Georges Brassens le pied sur sa chaise, empoigner non pas la guitare mais le TAMPON qui devait, dans cette improbable position, rentrer tout seul.

 
Et là mes sœurs je demande une minute de silence ! Jurez-moi la main sur le cœur que vous n’avez pas essayé ! C’est pas vrai ! J’en crois pas un mot ! Je refuse de croire que je suis la seule à avoir essayé cette pose improbable ! Parce que oui j’ai posé le pied (le droit si je me souviens bien, le détail a son importance) sur la cuvette et j’ai tenté cette intromission contre nature. Bon bah ça doit être un homme ou un babouin lyophilisé qui a écrit cette notice parce que ça fait un mal de chien et ça ne marche pas !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! C’est une arnaque ! Il faut prendre en fait la position du….et puis non d’abord, lectrice, tu essaieras toute seule !

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